jeudi 28 janvier 2010

Pour voir plus loin

À LIRE DANS É: 176, Janv.2010
La visualisation de données acquiert de l’ampleur avec l’accélération des choses, l’inflation du quantitatif et le tout-numérique. Faire parler les chiffres, dégager du sens de données abstraites (et parfois les orienter) est aujourd’hui un enjeu de pouvoir aussi puissant que les questions d’images. Pour autant, les systèmes de représentation graphique possèdent déjà une histoire de plusieurs siècles, ponctuée, entre autres, de trois noms français : Charles Joseph Minard (1781-1870), Étienne-Jules Marey(1830-1904) et Jacques Bertin. Une différence essentielle s’établit avec les rigoureux schémas construits hier à la main dans un souci évident d’exactitude et de lisibilité. Les designers incluent dans leurs processus de création l’apport de la programmation et laissent à la ligne de code la possibilité de tracer leurs formes. Avec l’ordinateur, la précision des chiffres est acquise et, chose plus intéressante, la lecture dans le détail laisse place à un mode de représentation sensible, intuitif. Point important, dans le contexte multimédia, ces visuels sont interactifs, donc l’interface d’eux-mêmes et se transforment aussi sous l’action de celui qui les reçoit. Les éléments pris de façon indépendante importent moins que les relations et les comportements qui régissent et animent l’ensemble. La question formelle se pose ici dans la perspective du paysage, c’est-à-dire que la carte n’est pas le territoire, mais on peut désormais s’y promener. Phénomène d’autant plus tangible qu’à cet endroit, quand la commande n’amène pas de sujet aux graphistes, ceux-ci les initient d’eux-mêmes.
Karel Martens

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